Ce que l’on sait de l’interpellation de Kocc Barma, le cerveau présumé d’un vaste réseau de sextorsion au Sénégal

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C’est une affaire rocambolesque qui défraie la chronique depuis quelques jours au Sénégal. Le 17 juillet 2025, les autorités sénégalaises ont procédé à l’arrestation d’un homme présenté comme l’administrateur de sites pornographiques non autorisés.

Agé de 38 ans et plus connu sous le pseudonyme de Kocc Barma, il est soupçonné d’être à la tête d’un vaste réseau de chantage et de diffusion de contenus intimes à l’insu des victimes, certaines étant mineures.

Les profils ciblés étaient variés : des personnalités publiques, des responsables politiques, des collégiens, étudiants et simples anonymes.

La traque a duré plusieurs mois, pilotée par la Division spéciale de la cybersécurité (DSC), une unité spéciale de la police sénégalaise. L’affaire est jugée « d’une ampleur exceptionnelle », avec plus de 5 000 plaintes recensées depuis 2018.

Voici ce que nous savons à ce stade.

Qui est l’homme arrêté ?

El Hadj Babacar Dioum, plus connu sous le pseudonyme de Kocc Barma, a été arrêté à Dakar le jeudi 17 juillet 2025. L’homme de 38 ans est présumé être le cerveau de l’un des plus vastes réseaux de chantage numérique jamais démantelés au Sénégal, avec plus de 5 000 victimes recensées à ce jour.

Son arrestation met fin à plusieurs années de traque numérique et marque un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles en ligne.

El Hadj Babacar Dioum alias Kocc a été arrêté dans un quartier résidentiel de Dakar, lors d’une opération coordonnée par la Division Spéciale de Lutte contre la Cybercriminalité (DSC), avec le soutien de la Brigade d’Intervention Polyvalente, une unité d’élite de la police sénégalaise.

Depuis 2018, la Police sénégalaise a reçu de multiples plaintes concernant un individu dénommé sur les réseaux sociaux « Kocc Barma » et qui procédait à des extorsions de fonds et du chantage à caractère sexuel.

Plusieurs enquêtes ont été ouvertes pendant des années. Celles-ci ont permis de mettre la main ce 17 juillet sur le présumé coupable.

Selon les autorités, il serait le cerveau derrière plusieurs plateformes numériques diffusant des vidéos et photos compromettantes de victimes, souvent sans leur consentement.

Le pseudonyme Kocc Barma est utilisé depuis plusieurs années pour alimenter ces contenus.

Comment la police a procédé à son interpellation ?

La traque pilotée par la Division spéciale de la cybersécurité (DSC), a duré plusieurs années. Elle a bénéficié de moyens technologiques avancés notamment la surveillance des flux financiers, le traçage d’adresses IP, l’infiltration numérique et des écoutes de communication cryptée.

C’est la plainte déposée par la soeur d’une adolescente de 16 ans, qui aurait déclenché la phase finale de l’opération. Cette plainte a permis à la police de remonter la piste du réseau numérique. Le suspect a été placé sous surveillance et l’interpellation a été menée à son domicile.

« Dans le cas le plus récent, il est reproché au mis en cause d’avoir publié des vidéos de « nudes » d’une mineure et d’avoir tenté de lui extorquer de l’argent en la menaçant de diffuser ces contenus. L’enquête a confirmé que certains de ces contenus ont bien été mis en ligne sur des plateformes connues pour héberger ce type de vidéos « , explique le Commissaire de Police Pape Mamadou Djidiack Faye, Chef de la Division spéciale de lutte contre la Cybercriminalité, dans un point de presse vendredi 18 juillet à Dakar.

Les enquêteurs ont localisé le suspect dans un immeuble discret d’un quartier huppé de Dakar. Il y vivait entouré de mesures de sécurité renforcées.

Lors de son interpellation, la police a saisi plusieurs éléments de preuve : des serveurs informatiques, des téléphones portables et plusieurs cartes SIM, une arme à feu, huit véhicules, des ordinateurs et des disques durs contenant des fichiers à caractère sexuel.

Selon le chef de la DSC, ces éléments saisis sont en cours d’analyse.

La police soupçonne aussi l’existence de complices, au Sénégal comme à l’étranger, en raison de l’utilisation de serveurs offshores, de pseudonymes multiples et d’outils d’anonymat comme les VPN (outil informatique permettant de masquer votre adresse IP et de crypter vos données, offrant ainsi une meilleure confidentialité et sécurité en ligne).

De quoi est-il accusé ?

El Hadj Babacar Dioum alias Kocc Barma est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation : chantage sexuel et extorsion, diffusion non consentie d’images à caractère sexuel, corruption de mineurs et pédopornographie, atteinte à la vie privée et traitement illégal de données personnelles, association de malfaiteurs.

Selon la police, certaines victimes, dont des mineures, ont été contraintes de verser de l’argent pour faire retirer des vidéos les impliquant.

Dans d’autres cas, les contenus étaient publiés à titre de représailles ou de menaces, dans ce que les experts qualifient de sextorsion.

Le chef de la DSC, a confirmé que le suspect a été placé en garde à vue et l’enquête se poursuit sous l’autorité du Procureur de la République. L’affaire est jugée « d’une ampleur exceptionnelle » au regard du nombre des plaintes recensées depuis 2018.

« D’autres personnes pourraient être impliquées, et nos investigations se poursuivent afin d’identifier les éventuels coauteurs ou complices. » a ajouté le commissaire Faye.

La police appelle les victimes à se manifester et insiste sur l’importance de la collaboration citoyenne.

Quel était le modus operandi ?

Selon les informations révélées à la presse locale par le Commissaire Faye, chef de la DSC, Kocc Barma administrait des sites pornographiques non autorisés. Il y diffusait des vidéos intimes de gens, femmes et hommes, souvent à leur insu, « dans le but d’exercer des pressions financières ».

« Les analyses préliminaires des dispositifs saisis, notamment son téléphone portable et son ordinateur, ainsi que les requêtes adressées aux services compétents, ont permis de confirmer les charges retenues contre lui. De nombreuses preuves numériques ont été retrouvées : vidéos, messages et autres contenus à caractère sensible. »

«Il s’agit très fortement du nommé Kocc Barma qui a été recherché depuis 7 ans par les services de la Dic. Tous les éléments que nous avons retrouvés dans ses appareils (les mots de passe d’accès à ces sites incriminés, les outils d’administration et d’autres données techniques) laissent paraître que cet individu serait le principal gestionnaire de ces plateformes seneporno, Babiporno et boydakar», a déclaré le chef de la Division Spéciale de Lutte contre la Cybercriminalité.

La méthode était toujours la même : obtenir une vidéo intime (par piratage, complicité ou manipulation), puis contacter la personne concernée en exigeant de l’argent pour empêcher la publication. Dans certains cas, les images étaient publiées malgré le paiement.

«Pour faciliter son forfait, cet individu utilisait des moyens techniques de plus en plus avancés comme des Vpn et des pseudonymes pour essayer de dissimuler ses activités et son identité», indique le commissaire de police.

Les profils ciblés étaient variés, certaines victimes ont témoigné avoir vécu des épisodes de dépression, de tentatives de suicide ou de rejet familial à la suite de la diffusion de leur intimité en ligne.

 

Source:news.abidjan.net

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