Accusé de crimes contre l’humanité, responsable de la prison libyenne de Mitiga, Khaled El Hishri était dans le viseur de la justice internationale. Il a été arrêté en Allemagne.
La Cour pénale internationale (CPI) a obtenu le 16 juillet 2025 l’arrestation de Khaled Mohamed Ali El Hishri, ancien haut responsable de la prison de Mitiga en Libye, arrêté en Allemagne en vertu d’un mandat émis six jours plus tôt. Soupçonné de meurtres, tortures et violences sexuelles commis entre 2015 et 2020, il devient l’un des rares suspects de haut rang appréhendés dans l’enquête ouverte sur les crimes du conflit libyen.
Selon la CPI, Khaled El Hishri aurait dirigé ou supervisé, depuis la prison de Mitiga près de Tripoli, un ensemble d’exactions assimilables à des crimes contre l’humanité et à des crimes de guerre. Cette prison, tristement célèbre, a vu passer des milliers de détenus, souvent maintenus en captivité pendant de longues périodes sans procédure régulière. Les faits allégués couvrent une période de cinq ans, durant laquelle l’État libyen s’est progressivement effondré au profit de milices armées incontrôlées.
L’interpellation d’El Hishri s’inscrit dans un contexte de coopération renforcée entre la CPI et les États membres. Le suspect restera sous la garde des autorités allemandes dans l’attente de la procédure prévue par l’article 59 du Statut de Rome. Le Greffier de la Cour, Osvaldo Zavala Giler, a salué cette avancée, affirmant que « les mandats d’arrêt sont essentiels pour faire progresser les procédures et permettre aux victimes d’obtenir justice ».
Ce développement judiciaire intervient alors que la Libye a officiellement reconnu, en mai 2025, la compétence de la Cour pénale internationale sur son territoire de 2011 à 2027. Cette décision est intervenue quatorze ans après la saisine initiale par le Conseil de sécurité des Nations Unies, en vertu de la résolution 1970 du 26 février 2011.
Huit autres mandats d’arrêt publics restent à ce jour non exécutés dans le cadre de la situation libyenne, visant notamment des figures de milices ou des acteurs politiques, parmi lesquels Saif Al-Islam Kadhafi, fils de l’ancien dictateur. Recherché de longue date par la CPI, ce dernier demeure une figure controversée, mêlant poursuites internationales et ambitions politiques.
L’arrestation de Khaled El Hishri confirme la volonté de la CPI de lutter contre l’impunité en Libye, en dépit des obstacles géopolitiques et sécuritaires. Elle constitue également un signal clair à l’égard d’autres suspects toujours en fuite, renforçant l’idée selon laquelle les crimes les plus graves finissent par trouver une réponse judiciaire, même plusieurs années après leur commission.
MK/ac/Sf/APA
Source: APANEWS
