Ne vilipendez pas l’équipage du crash d’Air India : Association des pilotes indiens

Par Soko WAZA Sur Juil 14, 2025

Une association de pilotes indiens a défendu l’équipage du vol 171 d’Air India qui s’est écrasé en juin, tuant 260 personnes.

L’Association indienne des pilotes professionnels (ICPA) a déclaré que l’équipage « a agi conformément à sa formation et à ses responsabilités dans des conditions difficiles et que les pilotes ne devraient pas être vilipendés sur la base de conjectures ».

« Suggérer avec désinvolture le suicide d’un pilote sans preuve vérifiée est une violation flagrante de l’éthique de l’information et un mauvais service rendu à la dignité de la profession », a ajouté l’association.

Un rapport préliminaire n’a pas incriminé les pilotes. Il indique que quelques secondes après le décollage, les deux interrupteurs de contrôle du carburant du Boeing 787 Dreamliner se sont mis en position « coupée », privant les moteurs de carburant.

Le rapport publié samedi donne des détails sur l’enregistrement de la voix dans le cockpit : un pilote demande à l’autre pourquoi il a « fait la coupure », ce à quoi l’autre répond qu’il ne l’a pas fait. L’enregistrement ne précise pas qui a dit quoi. Les données montrent que les interrupteurs ont ensuite été placés en position « marche », mais l’avion s’est écrasé quelques secondes plus tard.

Les experts en aéronautique et les pilotes affirment que les interrupteurs de carburant sont conçus pour empêcher toute activation accidentelle et qu’il faut les tirer vers le haut pour les déverrouiller avant de les faire basculer. Des supports de protection les protègent en outre contre les chocs accidentels.

Le rapport préliminaire ne permet pas de comprendre comment les interrupteurs ont été déplacés pour être coupés, mais depuis sa publication, les médias et les réseaux sociaux ont été inondés de spéculations peu recommandables sur le rôle des pilotes.

« Nous sommes profondément troublés par les récits spéculatifs qui émergent dans certains médias et dans le discours public – en particulier l’insinuation imprudente et infondée du suicide d’un pilote », a déclaré l’Association indienne des pilotes professionnels (ICPA) dans un communiqué publié tard dans la nuit de samedi à dimanche.

« Soyons clairs : une telle affirmation n’est absolument pas fondée à ce stade, et invoquer une allégation aussi grave sur la base d’informations incomplètes ou préliminaires n’est pas seulement irresponsable, c’est aussi profondément insensible aux personnes et aux familles concernées ».

La déclaration ajoute que tant que l’enquête officielle n’est pas terminée et que le rapport final n’est pas publié, « toute spéculation – en particulier d’une nature aussi grave – est inacceptable et doit être condamnée ».

L’enquête préliminaire a été menée par le gouvernement indien avec des experts de Boeing, General Electric, Air India, des régulateurs indiens et des agents américains et britanniques. Un rapport final devrait être publié dans un an.

Samedi, une autre association de pilotes, l’Airline Pilots’ Association of India (ALPA India), s’est inquiétée de la manière dont l’enquête était menée.

Elle a souligné que le rapport mentionne également qu’en décembre 2018, l’Administration fédérale de l’aviation américaine a publié un bulletin d’information spécial sur la navigabilité (SAIB) soulignant que certains commutateurs de commande de carburant de Boeing 737 étaient installés avec la fonction de verrouillage désengagée.

Bien que le problème ait été noté, il n’a pas été considéré comme une condition dangereuse nécessitant une consigne de navigabilité (AD) – une réglementation légalement exécutoire pour corriger les conditions dangereuses d’un produit.

Le même type de commutateur est utilisé dans les Boeing 787-8, y compris dans le VT-ANB d’Air India qui s’est écrasé. Le SAIB étant consultatif, Air India n’a pas effectué les inspections recommandées.

Prenant acte du bulletin, l’ALPA Inde a déclaré qu’elle « exigeait des éclaircissements sur la mise en œuvre, avant le vol, des recommandations énoncées dans le bulletin ». (Air India n’a pas commenté ce problème spécifique.)

L’administration fédérale de l’aviation américaine (FAA) a déclaré que les interrupteurs de commande de carburant des avions Boeing étaient sûrs et a noté que son propre avis de 2018 « était basé sur des rapports selon lesquels les interrupteurs de commande de carburant étaient installés avec la fonction de verrouillage désengagée » – mais a ajouté qu’elle ne pensait pas que cela rendait les avions dangereux.

L’ALPA Inde s’est également déclarée « surprise par le secret qui entoure ces enquêtes » et a affirmé que « le personnel dûment qualifié n’a pas été impliqué pour l’enquête ».

« Nous avons le sentiment que l’enquête s’oriente vers une présomption de culpabilité des pilotes et nous nous opposons fermement à cette ligne de pensée », a déclaré le président de l’ALPA Inde, le capitaine Sam Thomas, dans le communiqué.

Le syndicat a également demandé aux autorités de l’autoriser à participer au processus « même en qualité d’observateur, afin d’assurer la transparence requise dans les enquêtes ».

Après la publication du rapport samedi, le ministre indien de l’aviation civile, Ram Mohan Naidu, a déclaré aux journalistes de ne pas « tirer de conclusions hâtives à ce stade. Attendons le rapport final ».

Décrivant les pilotes et les équipages indiens comme « l’épine dorsale de l’aviation civile », il a déclaré que l’Inde disposait de « la main-d’œuvre la plus formidable au monde en termes de pilotes et d’équipages ».

Le vol 171 avait décollé de la ville d’Ahmedabad, dans l’ouest de l’Inde, à destination de Gatwick, à Londres, le 12 juin, avec 242 personnes à bord. Le crash a tué 241 personnes à bord – un passager a miraculeusement survécu – et 19 personnes au sol.

Le rapport indique que les pilotes, basés à Mumbai, étaient arrivés à Ahmedabad la veille et s’étaient suffisamment reposés. Ils avaient passé des alcootests et étaient autorisés à voler, ajoute le rapport.

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