Afrique australe : les élections à la BAD révèlent les failles régionales

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L’élection du nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD) a mis au jour les divisions persistantes au sein de la SADC. En présentant une candidature dissidente, l’Afrique du Sud a fragilisé la stratégie régionale et compromis les chances du favori zambien.

L’élection du président de la Banque africaine de développement (BAD), qui s’est tenue jeudi 29 mai, a révélé les faiblesses de la coopération politique en Afrique australe. La décision de l’Afrique du Sud de présenter son propre candidat a contribué à affaiblir les chances du favori régional.

Alors que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) semblait prête à soutenir un candidat commun, le Zambien Samuel Maimbo, Pretoria a opté pour une démarche unilatérale en soumettant la candidature de Bajabulile Swazi Tshabalala, ancienne vice-présidente par intérim de la BAD. Ce choix a provoqué une fracture dans la stratégie du bloc.

L’élection, organisée en trois tours, s’est soldée par la victoire de l’économiste mauritanien Sidi Ould Tah, soutenu massivement par les pays d’Afrique du Nord et bénéficiant d’un appui transversal sur le continent. Il a obtenu 76,18 % des voix. Maimbo, bien qu’appuyé par une partie de la SADC, a terminé en deuxième position avec seulement 20,26 %, loin derrière Ould Tah.

Tshabalala, quant à elle, a été éliminée dès les premiers tours, ne recueillant que 5,9 % des suffrages. Mais selon plusieurs observateurs, les dégâts étaient déjà faits : la division du vote régional a sérieusement amoindri les chances de succès du candidat zambien.

Contrairement à l’Afrique du Nord, qui a su fédérer ses voix autour d’un candidat unique, l’Afrique australe a une nouvelle fois échoué à projeter une position commune. Une dynamique qui reflète des tensions latentes au sein de la SADC et une absence persistante de coordination stratégique.

« Ce résultat soulève d’importantes questions quant à la capacité de la SADC à présenter un front uni sur les questions continentales, car les intérêts nationaux et la mentalité de « Big Brother » entrent souvent en jeu », a déclaré vendredi l’analyste Donald Porusingazi. Il estime que les Sud-Africains — ainsi que les pays qu’ils ont convaincus de soutenir Tshabalala — n’ont probablement pas réorienté leurs votes vers Maimbo après son élimination.

« Ce que nous avons observé lors des précédentes élections à la direction du continent, c’est que ce sont généralement les Sud-Africains qui présentent un candidat et obtiennent un soutien régional unanime, tandis qu’ils restent indifférents lorsque d’autres pays de la SADC présentent des candidats », a poursuivi l’analyste, notant que « cela n’augure rien de bon pour l’unité et la coopération régionales à un moment où l’on parle d’intégrer les économies de la SADC et de contribuer au renforcement de l’Union africaine ».

JN/fss/ac/APA

Source: APANEWS

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