À l’occasion de la Semaine de l’Afrique 2025, l’ambassadeur Lorenzo Llewellyn Witherspoon, envoyé spécial du Libéria pour la diplomatie culturelle et patrimoniale, a lancé un appel fort depuis le siège de l’UNESCO à Paris : il exhorte la communauté internationale à s’engager concrètement pour la restitution et la restauration du patrimoine africain, à travers l’éducation, la culture et la science.
Dans un discours prononcé sur le thème « Solidarité mondiale pour la restitution et la restauration du patrimoine africain », l’ambassadeur Lorenzo Llewellyn Witherspoon, envoyé spécial du Libéria a mis en lumière l’apport historique de l’Afrique au savoir mondial — de la métallurgie avancée de la civilisation Nok aux connaissances astronomiques des Dogons, en passant par les centres intellectuels de Tombouctou. Il a déploré l’effacement systématique de cet héritage par le colonialisme, et a plaidé pour un nouveau pacte mondial, fondé sur des actions concrètes : restitution physique des biens culturels, renforcement des capacités de recherche en Afrique, révision des programmes éducatifs, et réparation des injustices historiques.
Un combat contre la dépossession
Witherspoon a également dénoncé la spoliation intellectuelle et culturelle subie par l’Afrique et sa diaspora, appelant à s’inspirer des démarches de justice réparatrice comme celle de la CARICOM. Il a rappelé que la destruction de la mémoire historique constitue une violence persistante, et insisté sur le rôle essentiel des musées, de l’éducation et des échanges culturels pour guérir les traumatismes intergénérationnels.
Évoquant la douleur de la diaspora, il a qualifié la traite des esclaves et la séparation des Africains de leurs racines comme une composante centrale du projet colonial. La justice réparatrice, selon lui, doit aussi viser à restaurer la dignité et le sentiment d’appartenance. Un témoignage bouleversant d’une étudiante libérienne illustre son propos : bouleversée de voir un masque ancestral exposé dans un musée européen, elle lui a demandé : « Comment renouer avec nos ancêtres si nous devons payer pour voir les seuls symboles qui nous relient à eux ? »
2025, une année charnière
L’ambassadeur a conclu son intervention en appelant à faire de 2025 un tournant historique. « Déclarons cette année comme celle de la reconquête », a-t-il lancé, invitant à transformer la Semaine de l’Afrique en levier de changement structurel. « Réapproprions-nous notre histoire, notre mémoire et notre souveraineté. Grâce à la science, à la culture et à l’éducation, bâtissons un avenir où le patrimoine africain sera non seulement restauré, mais valorisé et transmis. »
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Source: APANEWS