Commerce Ghana/Burkina: une étude sur de nouvelles opportunités

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Enclavé, le Burkina Faso dépend fortement du Ghana pour accéder à la mer et exporter ses principales ressources, dont les minerais et le coton. Toutefois, les échanges transfrontaliers restent entravés par une lourde bureaucratie et un contexte sécuritaire dégradé.

Depuis le début de l’insurrection il y a une décennie, les commerçants – notamment les femmes – font face à des risques accrus de détournements et de vols lors de leurs déplacements. Dans ce contexte, le poste-frontière de Paga-Dakola est devenu une voie cruciale, le trafic y ayant fortement augmenté en raison de la déviation des itinéraires hors des zones contrôlées par les groupes armés.

Afin de renforcer la sécurité et de fluidifier les opérations à cette frontière stratégique, le Centre du commerce international (ITC), en partenariat avec la Cédéao, la GIZ et les autorités nationales, a mené une étude approfondie pendant 18 mois, dans le cadre du Programme sur le commerce agricole (EAT) de la Cédéao.

De nombreuses visites de terrain, entretiens et consultations ont eu lieu entre octobre 2023 et mars 2025. L’étude a débouché sur 78 recommandations concrètes, visant à moderniser les infrastructures, digitaliser les processus, renforcer la sécurité et améliorer l’accompagnement des commerçantes.

Malgré l’intensification du trafic, la frontière reste affectée par une gestion désorganisée, une coordination insuffisante entre les agences et le non-respect fréquent des règlements. Si les commerçants burkinabè se déplacent en convois pour assurer leur sécurité, le Ghana ne propose pas encore de dispositif similaire. Par ailleurs, la fermeture de certaines institutions bancaires à cause de la crise limite l’accès aux services financiers.

« La sécurité est un enjeu majeur », confie une commerçante de bétail ayant participé à l’étude. « Sans protection pour nos marchandises et pour nous-mêmes, toute simplification administrative perd son sens. »

Une réunion de haut niveau tenue le 3 mars 2025 à Accra, entre plus de 20 experts, a permis d’examiner les résultats de l’étude. Des représentants de la CEDEAO, des douanes, du secteur privé et des partenaires de développement ont salué des avancées importantes, notamment le portail commercial burkinabè BurkTP, qui fournit des informations détaillées sur les procédures d’exportation et d’importation. Le Ghana a été invité à créer une plateforme similaire, avec un effort particulier sur le transport et la diffusion d’informations en langues locales.

Le système douanier burkinabè SYLVIE (Système de liaison virtuelle pour les opérations d’importation et d’exportation) a également été salué. Il pourrait toutefois être amélioré pour offrir plus de souplesse dans les corrections et intégrer les coûts liés aux produits agroalimentaires.

Lors d’une consultation régionale les 6 et 7 mars à Accra, 18 recommandations prioritaires ont été identifiées. Celles-ci portent sur une meilleure coordination inter-agences, la numérisation des outils, la sécurisation des corridors et un soutien accru aux commerçants, en particulier aux femmes.

Malgré le retrait du Burkina Faso de la Cédéao et la formation d’une nouvelle alliance avec le Mali et le Niger, les acteurs économiques restent déterminés à développer le commerce transfrontalier. Des réformes ciblées en matière de sécurité, de gestion et d’accès à l’information pourraient transformer le poste de Paga-Dakola en un hub commercial plus efficace, transparent et inclusif, capable de s’adapter aux bouleversements régionaux.

 

Source : APA-Accra Ghana

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